vendredi 9 septembre 2011

Vie de famille en ville

Dans la famille, à cette époque-là, pendant les années 47 à 54, comment ça se passait la vie en ville? Grand-papa travaillait comme opérateur l’été?

Oui. Et des fois, l’hiver, il a réussi à travailler pour Émile Bonneau, pour gratter [déblayer les rues]. Il avait du chômage à travers tout ça.

Il y avait déjà des programmes sociaux à cette époque-là?

Oui. Il me semble en tout cas, qu’il y avait du chômage.

Dans le cadre de son travail, sur les chantiers, Grand-papa s’absentait souvent?

Cécile et Wilfrid sur la rue Paradis.
Derrière, le clocher de St-Jean-de-Brébeuf.
Papa, des bouts de temps, il allait travailler à Normandin, des bouts de temps à Albanel. Plus souvent qu’autrement, il revenait en fin de semaine. Il travaillait cinq jours, il revenait en fin de semaine. Il restait à l’hôtel, au coin, à Normandin, des fois il restait chez quelqu’un… Quand il est allé à Albanel, on est même allé avec lui. On est allé chez ma tante Lucienne. Maman, des fois, elle filait mauvais coton, on était allé chez ma tante Lucienne, demeurer là. Lucienne c’était la sœur de Aline, donc la tante de maman, c’était la plus jeune de la famille Martel. C’est arrivé aussi qu’on soit allé à Normandin passer une semaine avec papa. Elle avait laissé Réjean à ma tante Aline dans la maison. Je me souviens d’une fois, à Albanel, quand on était chez ma tante Lucienne, et on était allé aux bleuets. Dans ce temps-là, tu partais du village, et tu t’en allais jusqu’au rang 10 de Normandin. C’était une bonne marche. Comme il n’y avait pas de bleuets sur la terre de monsieur Gaudreault, leur voisin, il fallait monter, puis traverser la clôture sur la terre d’un autre voisin pour trouver des bleuets.

Et grand-maman?

Ma mère, elle, avait ses deux enfants. Et des fois, elle faisait des dépressions. Maman elle avait été opérée de la grande opération à 28 ans. Elle disait qu’elle se sentait comme si elle était plus une femme. Elle a refait une fausse couche après Réjean. Je me rappelle que le docteur était venu et je me rappelle l’avoir vu avec le foetus, pas grand-chose, dans les mains, il avait surtout du sang après les mains, et qu’il avait mis ça dans le poêle pour faire brûler ça. À ce moment-là, on était en bas [donc à partir de 1950].

À cette époque-là, le reste de la famille vivait où? Encore au premier rang?

L'ancienne école Ste-Angèle, aujourd'hui un centre
de formation professionnelle, en 2011.
"Petit" [Joseph fils] était resté au premier rang. Il y a eu Aimé aussi, qui était le frère le plus vieux de papa. Quand on est arrivé en ville, Aimé il restait déjà en ville. Il restait là où ses enfants restent encore, Nicole reste encore là, pas loin de la rue St-Jean, la petite rue qui traversait le chemin de fer, pas loin de l’école Ste-Angèle. C’est pendant ces années-là que l’école Ste-Angèle a été bâtie. Avant que je ne parte pour aller au séminaire, Réjean a commencé à aller à l’école. On a eu bien du fun à rire de lui parce qu’il prenait sa bouteille de lait avant de partir pour aller à l’école, en première année, à six ans. On l’a taquiné pas mal, au point où il a abandonné sa bouteille de lait. Lui, il allait à l’école Ste-Angèle, qui avait été construite un peu avant, juste en arrière. La petite école où j’avais fait ma deuxième et ma troisième année existait plus, et les salles Notre-Dame et St-Jean-de-Brébeuf ont arrêté à un moment donné. Il me semble que c’est quand j’ai commencé ma sixième ou septième année qu’ils ont commencé à se servir de Ste-Angèle et Ste-Ursule à l’autre bout de la ville. Réjean a commencé là, et maman a pris les maîtresses d’école comme pensionnaires, quelques fois. C’est là qu’il y a eu Anita Doré, de Chambord, puis Thérèse Bélanger, la sœur de celui qui m’avait fait la classe, le frère Jean-René Bélanger.

C’est dans ces années-là qu’a été inventée la télévision. Aviez-vous une télévision?

Réjean et Jean-Eudes, rue Paradis.
La télé est arrivée à Roberval en 52. On l’a pas eu tout de suite. Avant d’aller au séminaire, j’ai vu la télévision quelques fois, je pense que c’était avec Raymond Guay, je pense qu’eux autres, ils l’ont eu en 52, et que j’étais allé chez eux. Ils venaient du premier rang aussi. Ils s’étaient bâtis en ville. D’ailleurs, jusqu’à pas si longtemps, la maison appartenait encore à un de ses garçon, qui est décédé y’a pas longtemps. J’étais allé là quelques fois et c’est là que j’avais vu la télévision. Ça me rappelle une anecdote avec la radio, par exemple. J’avais pris une joute de hockey, au moment où on était en bas et Marius Doré habitait en haut. C’était les éliminatoires. Dans le coin de la cuisine, il y avait une table, en métal, et la radio était sur la table. C’est là que je prenais la joute de hockey. Marius prenait la joute de hockey en haut, à peu près vis-à-vis de moi. De temps en temps, je perdais le son, et de temps en temps, lui perdait le son. On s’appelait pour s’informer s’il y avait eu un but de compté si l’autre l’avait manqué. On avait suivi la partie de hockey, qui s’était terminée à une heure ou une heure et demie du matin, dans les éliminatoires, je dormais quasiment sur la table.

À part la radio, ils avaient un tourne-disque, un gramophone?

Il n’y a pas eu de tourne-disque avant que j’aille au séminaire. Et le gramophone, ça a été plus tard. Dans la journée, ils écoutaient la radio. Je ne me rappelle pas quand a commencé CHRL. Il y avait CKRS à Jonquière, et un à Chicoutimi, Radio-Canada à Chicoutimi. Plus tard, il y a eu CHRL. C’est après coup qu’ils en ont fait un autre au Saguenay et qu’il y a eu Alma, puis Dolbeau plus tard aussi.
--
[25 août 2011]

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Vos commentaires sont les bienvenus.
Merci de vous identifier. Ce site est un projet privé et n'accepte pas les commentaires anonymes.