dimanche 25 septembre 2011

Cours classique: Élément A (Élément et Syntaxe)

Pendant la première année, comment était organisée la vie, les cours, le pensionnat?

Tu avais 4h de cours dans une journée. De huit heure à 10h, puis après ça, de 2h à 4h. À 10h30, tu avais une étude qui durait jusqu’à midi. Parfois plus tard, parce que c’était par groupe que tu allais diner. À 4h, tu étais en récréation, puis à 4h30, tu étais en étude jusqu’à 6h, l’heure du souper. Le soir, avant d’aller se coucher, une demie-heure ou une heure, tu avais encore une étude. Et quand tu étais en étude, c’était silence, il y avait un surveillant, t’étais obligé d’être là.

Les repas étaient servis dans une cafétéria? C’était quel genre de repas?

Déjeune diner souper, à des heures fixes dépendant de l’année où tu étais. Plus tard, j’ai fini par être un servant à la cafétéria. Ce que j’ai trouvé le plus difficile, c’est que quand je suis entré là, j’avais 14 ans, et chez nous, je mangeais. Pour déjeuner le matin, je mangeais une dizaine de toasts, j’étais un gros mangeur. Quand je suis arrivé là-bas, tu avais le choix entre un plat de gruau ou de corn flakes, et sur les tables, tu avais une vache à café – une grosse cafetière avec du café dedans, et ils te donnaient trois toasts. Tu mangeais pas d’œufs, et t’avais trois toasts. J’ai fini par être copain avec un gars qui servait, et je le tippais un peu, et lui, comme il était servant, il pouvait se prendre plus de toasts, il en restait toujours un peu. Je trouvais donc le moyen d’en avoir un peu plus, deux-trois ou trois-quatre de plus pratiquement chaque matin.

De la contrebande de toasts! On parle encore de la première année?

Oui, la première année. Évidemment, les autres années, il y en a eu de toutes les sortes. À un moment donné, je me suis fait acheter des douzaines d’œufs par le coiffeur, parce que je voulais manger plus à ma faim. Je les battais et je me mettais du lait. Un œuf battu dans du lait, c’est nourrissant et très bon.

Équipe de hockey, séminaire. JE est en arrière, au centre.
Tu disais que tu étais entré en septembre et ressorti en décembre, donc toi, les fins de semaines, tu restais au séminaire.

Oui. Tu avais des études en fin de semaine, mais t’avais plus de liberté. En hiver, ça jouait au hockey, il y avait aussi des terrains de tennis et de la balle molle, à l’automne et au printemps. Tu allais dans des équipes. Tu pouvais aussi te promener, il y avait des jeux de balle au mur. Moi j’aimais ça faire toutes sortes de jeux, alors j’ai appris toutes sortes de choses, d’un sport et l’autre. Plus tard, j’ai eu une raquette de tennis, mais pas la première année. Par contre, j’ai eu un gant pour jouer à la balle molle. On s’amusait.

Gant de baseball de JE datant de
 l'époque de ses études au séminaire.
Ce gant est toujours chez lui, en 2011.
On parle du gant noir que tu as encore?

Oui. Je l’ai eu la première ou la deuxième année.

En élément A, c’était tous des pensionnaires?

Non, la moitié de la classe était des externes.

Ils revenaient la fin de semaine?

Non. Ils étudiaient chez eux. Quand t’étudie, et que tu veux réussir, grouille-toi et travaille.

Parle-nous un peu de matière. Tu as commencé tout à l’heure à nous dire que dans la première année, vous faisiez du latin.

En réalité, en première année, ce qu’on a fait, c’est que jusqu’aux fêtes, on a fait la première année du séminaire [Élément]. Rendu aux fêtes, on a fait la deuxième année du séminaire [Syntaxe].

Le latin, vous appreniez à lire, écrire, parler…?

Équipe de baseball/balle molle, séminaire.
 JE est en avant, au centre.
Non. Pas parler. Le langage parlé dans ce temps-là était pas à la mode. On avait un peu d’anglais, mais ils te faisaient faire une petite rédaction anglaise. Il n’y avait pas vraiment de cours de langage parlé. Le latin, tu apprenais l’alphabet, mais aussi et surtout les déclinaisons. En français, t’as pas ça. La première chose qu’on a appris, c’était la rose. Le premier genre. La déclinaison de la rose c’était : Rosa rosa rosae rosae rosa rosam, rosae rosae rosarum rosis rosis rosas. Ça veut dire que dépendant si le mot « rose » est singulier ou pluriel, sujet, complément direct, indirect ou de nom, il s’écrit pas de la même façon. Ça dépend de sa fonction dans la phrase. Par exemple, rosam c’était le complément direct, rosarum était le complément de nom, mais au pluriel. Et en grec, c’est la même chose.

C’était un apprentissage approfondi de la langue, pas juste un survol.

Oui. Ils te donnaient des textes latins. Au début, avec les déclinaisons que tu avais appris. Il y avait 4 ou 5 types de déclinaisons différentes. Puis, il y avait les verbes. Les verbes venaient à mesure aussi. Au début, tu traduisais des textes en français, tu essayais, mais de temps en temps, tu pouvais te faire prendre. Tu écrivais et ça tenait pas debout. On appelait ça des contresens. Quand tu l’avais pas pogné de la bonne façon. À mesure que les textes étaient plus long, fallait que tu apprennes à être capable de mieux interpréter la situation où le mot se trouvait. « Rosae », il y en avait comme sujet au pluriel, mais aussi comme complément indirect. Et c’était la même chose avec les autres déclinaisons.

À part le latin et le grec, c’était quoi les autres matières?

Au début, on avait un peu d’algèbre, et un peu plus tard, en syntaxe, on a eu de la géométrie. J’ai eu comme professeur, celui qu’on appelait le « père Clam ». L’abbé Clément Lavoie. J’ai eu Erold Lavoie, en deuxième moitié de la première année. Il est devenu directeur plus tard. Il était drôle, mais il était rough. Quand t’étais franc et correct, lui était franc et correct, alors t’avais pas de problème avec. Tu faisais aussi du français, et tu faisais de l’histoire. En première année, on faisait l’Antiquité. Ça permettait de nous situer puisqu’on faisait du latin et du grec. L’histoire du temps des grecs, avec Démosthène, les rois et les empereurs et les guerres de l’antiquité. Le côté latin, la fondation de Rome. Il y a eu un peu d’Égypte, du temps de Cléopâtre, évidemment. Tu faisais pas l’histoire de la Chine, par exemple, et ces choses-là, c’était pas connu à cette époque-là. C’était surtout la Grèce Antique, puis l’Égypte, puis en avançant dans le temps, les romains. Au fil des ans, on est parti de l’Antiquité, jusqu’à l’époque contemporaine et les temps modernes avec tout ce qu’il y avait entre les deux.

Pendant ces premières années-là au séminaire, lors des vacances d’été, tu revenais chez vous à Roberval?

Oui.

Avais-tu des emplois d’été?

A 15 ans et 16 ans, j’ai pas eu d’emploi d’été. Plus tard, j’ai eu des emplois s’été. J’ai conduit des camions, travaillé au moulin de nuit, mais ça marchait pas fort.

Le moulin des Gagnon?

Celui de la pointe Scott. Et vers la fin, j’ai même donné des cours d’été. Et j’ai aussi travaillé au moulin de la rue Paradis un été. Mon oncle Philippe m’avait engagé là. J’étais payé 80 cents de l‘heure. Mais c’était au moins après ma troisième année de séminaire.
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[13 septembre 2011]

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