jeudi 9 février 2012

L'été des suisses et un choix de carrière important

[À l’été 1972, JE décide de démissionner comme DSP et de devenir professeur de physique, un choix de carrière marquant, puisqu’il allait occuper ce poste pendant 25 ans. Sa vie deviendrait alors plus stable.]

Il y a eu la ferme, puis la petite école, puis le séminaire, puis l’université et ma blonde. Après ça, il y a eu les 4 ans au séminaire des pères maristes, puis 4 ans au secondaire et l’école normale, puis rendu au Cegep, là, j’y ai été 25 ans en tout. Là, ta vie se déroule doucement, tu bâti ta maison, c’est plus fractionné comme c’était avant. C’était bien plus fractionné que pour vous autres [ses enfants]. Toi, par exemple, jusqu’à temps que tu ailles à l’université; primaire, secondaire, Cegep, quasiment tout le temps avec le même monde, la même maison, les mêmes amis…

En 1972, Gisèle est enceinte d’un 4e enfant, qui sera Sophie. Juste avant qu’elle n’arrive, à l’été 72, on a passé du temps au chalet, on avait aussi une Renault 12…

C’était une deuxième voiture. La Chrysler je l’ai gardé un bon bout de temps [10 ans, il l’a acheté en 1966 et changée en 1976]. À la fin de l’année 71-72, il y a eu un congrès du Cegep régional à Tadoussac, donc on est allé à Tadoussac. Ça m’a fait méditer pas mal sur qu’est-ce que je pourrais faire, quoi faire. J’ai décidé, quand je suis revenu de Tadoussac, de dire que c’était fini, que je prenais la job de prof de physique. J’ai gardé ma job de DSP encore un bout pour engager René Gagnon, Roméo Guérin, et d’autres comme Jocelyn Lambert. J’avais gardé le poste libre en physique, pour moi. C’est arrivé un petit peu après le congrès, ma réflexion avait été faite là. Quand j’ai pris congé, il restait un petit peu plus qu’un mois de vacances. Quand le Cégep a ouvert pour l’année 72, j’étais le prof en physique, il y en avait juste un à ce moment-là. J’ai aidé à ce que l’on monte les laboratoires, avec les techniciens. Là, on avait une première année et une deuxième année. Je donnais les 6 cours de physiques, parce qu’il y en avait pour sciences santé et sciences pures et appliqués. J’en donnais 3 une session et 3 l’autre session. Il y avait pour les deux: mécanique, optique et électricité. C’est ce que j’ai fait cette année-là.
Caméras de JE (datant de la fin des années 60). En bas à
gauche, caméra photo, au centre, caméra vidéo Super 8mm.
Avec flash, lampe et étui.
Pendant l’été que Sophie est venue au monde, j’ai donc eu un peu de congé. On est allé au chalet, on est même aller passer une semaine ou deux complètes. C’est ça les films qu’on a sur super 8. On avait apprivoisé les suisses, ils étaient même très apprivoisés. Les films, c’est qu’on avait pris quelques photos, mais on est retourné avec la caméra, exprès une journée, juste pour ça, pour les filmer, tous la même journée. Ils étaient contents de nous voir. Il y en avait trois. C’est comme ça qu’on s’est trouvé à filmer les suisses. C’était l’été avant de me retrouver officiellement comme prof de physique. Ça a été plus difficile un peu comme prof de physique au Cegep que ça l’était au cours classique, même si c’était quand même un peu les mêmes choses. Ils avaient voulu mettre beaucoup plus de mathématiques et pas assez de physique. C’est [ce que prouvais] l’expérimentation que j’aimais faire plus tard avec des examens où il n’y avait pas de chiffres.

Quand tu dis que ta réflexion a commencé au congrès de Tadoussac, c’est parce qu’il y avait de la politique dans l’administration, cet aspect-là t’intéressait pas, t’impliquer plus dans la direction?

J’y ai pensé, que ça pourrait être comme ça. Le comité d’implantation, c’était Patrice Laroche, qui n’a jamais été un prof, il était conseiller en orientation. C’était une gamique qui était à la direction, pas seulement diriger le Cegep, mais aussi le conseil d’administration. Il y avait des gens de la commission scolaire régionale Louis-Hémon, donc le DG, qui s’est impliqué. Mais Patrice a pris la direction et ils sont allé se chercher des personnes de Roberval et Dolbeau, mais c’était bâti avec un noyau [de St-Félicien, autour d’eux]. Moi, j’étais un intrus là-dedans.

À cause que tu étais de Roberval ou à cause que tu étais un prof?

Les deux. Je m’étais imposé aussi, au début du Cegep.

Au début du comité d’implantation, il y avait des profs, comme Benoit Bouchard, mais après ça, ils ne sont pas devenus membres de l’administration du Cégep.

Non.

Et c’était devenu un groupe politique.

Oui. Moi, dans mon cas, je me suis imposé. Patrice Laroche ne se décidait pas, il était indécis, pas trop sûr. Moi, je disais qu’il fallait se brancher sinon, ça n’existerait pas le Cegep. [Je disais :] On fait ça, on fait ça de même, il embarquait et défendait l’idée. J’étais très décidé, et j’ai décidé de prendre ma place, j’avais pas attendu que quelqu’un me l’offre. J’ai embarqué. Après ça, ils étaient mal pris de dire que j’étais pas DSP, puisque j’avais monté les cours, les programmes et tout, la première année.

Et Roger Guillemette, le DSP qui a pris ton poste?

Il était prof de math. Je l’avais engagé. Il était prof à la polyvalente de St-Félicien et il avait fait application. Il est devenu prof de mathématiques la première année.

Et Gaston Perron?

Président du conseil d’administration du Cégep.

Il n’était pas prof aussi?

Non, il travaillait aussi pour la direction de la commission scolaire Louis-Hémon. Conseiller d’orientation ou quelque chose du genre, il était responsable des conseillers dans les écoles.

Et plus tard, il y a dû y avoir des ouvertures dans l’administration, ça t’a jamais intéressé après coup?

Non. Pantoute. Je n’y suis pas retourné.

Pourquoi?

Ça ne me tentait pas, j’étais bien. J’enseignais. J’étais stable. Au début, le département, c’était tous des nouveaux profs à part moi. Math, physique, chimie, les sciences en général, c’était un même département. [Par la suite] des bouts de temps, j’ai été responsable du département, d’autres bouts de temps, c’en était un autre.
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[22 décembre 2011]

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