samedi 8 octobre 2011

Cours classique: Philo I et II

On arrive donc en philosophie, au séminaire, un cours qui est étalé sur deux ans. Quels sont les changements les plus importants au niveau de la vie et du programme?

Jean-Eudes, vers la fin de son cours classique.
La plus grosse différence c’est que tu ne fais plus de français, plus de latin, et plus de grec. Et quand tu fais des dissertations, tu fais des dissertations philosophiques. En philo I, tu fais 5h de chimie par semaine, et tu n’en a jamais fait avant. Tu as un gros livre et à la fin de l’année, tu es rendu un bon bout en chimie organique. Tu as un livre de philosophie, écrit en latin, et tu as le livre de monseigneur Grenier. La première section de ce livre, c’est de comment penser en philosophie. Comment est structurée la philosophie. Après ça, tu as une partie qui est la philosophie naturelle. Tu apprends que la philo est une façon de penser, tout simplement, c’était pas religieux. C’était St-Thomas [d'Aquin] qui avait écrit celle qu’on étudiait, mais il y en avait d’autres. Comment tu penses dans la nature et que tu évolues dans la nature. On apprenait aussi comment faire pour structurer une thèse de philosophie, où tu auras un énoncé qui, développé, va t’apporter à porter une conclusion. Filosofia es ciencia rerum per causas primas sum lumine rationalis naturalis. La philosophie est une science des choses par leurs causes premières à la lumière de la raison naturelle. C’est peut-être la seule chose que je me rappelle beaucoup en latin, mais je m’en suis toujours rappelé.

Étudiez-vous les penseurs grecs comme Aristote, Platon, Socrate?

Pique-nique de séminaire, 1960.
Oui, oui. Ils en parlaient à travers ça. En philo I, c’est donc la philo et la chimie. Puis, en philo I et II, il y avait cinq sections de mathématiques. Géométrie plane, avec 80 théorèmes, géométrie analytique, trigonométrie, dont on n’avait jamais entendu parler avant, du calcul différentiel, puis de l’algèbre, où tu étudiais jusqu’au les équations du second degré. En philo I, on voyait deux de ces matières là et en philo II, tu étudiais les trois autres, donc à la fin, tu avais ce qu’il fallait pour faire ton baccalauréat en mathématiques. En philo I, on faisait aussi de l’apologétique. C’était la crédibilité du dogme catholique. Ils voulaient montrer par le raisonnement, que le dogme catholique était crédible. Par la logique et la façon de penser, ils montraient que ça avait du bon sens de croire au dogme catholique. Puis, on avait aussi la biologie. Pas trop poussé, mais on étudiait les cellules et les choses de bases en biologie. On avait 2h par semaine, si je me souviens bien.
En chimie, j’ai eu comme professeur de chimie, monseigneur Pedneault, qui a été nommé à Chicoutimi des années plus tard. C’était Roch Pedneault, mais on lui donnait un surnom chimique, je ne me souviens plus lequel. En première année de philo, on n’avait pas de physique. En deuxième année, on avait de la physique. De la mécanique, de l’électricité, de l’optique. On parait à zéro, et à la fin, on était au moins aussi avancé sinon plus, que ceux qui finissent le collégial à l’heure actuelle. On était prêt à entrer à l’université en sciences. Si tu avais d’assez bonnes notes, et c’est ce qui m’est arrivé, tu pouvais même ne faire que quelques cours en première année [d’université] et sauter tout de suite en deuxième. En philo II, on avait aussi de la philosophie, mais la philosophie qu’on avait, c’était de la philosophie beaucoup plus… philosophique. On avait deux gros volumes, je ne me souviens plus des titres, évidemment. Et on étudiait toujours avec des thèses. On a aussi fait un peu d’astronomie, mais essentiellement, c’était ça. Et évidemment, il y avait beaucoup de dissertations. On les faisait en français, mais si on avait une citation à faire, et qu’on la connaissait, on la citait directement en latin.
En philo II, quand j’ai fait mon examen de mathématiques, j’avais gagé avec tout le monde que je ne perdrais pas un seul dixième [de points]. Normalement, l’examen durait 4h, mais après 3/4 d’heures, mon examen était fini, mais je n’étais pas satisfait de quelque chose. Je me disais que de la façon que je disais quelque chose, un correcteur pourrait peut-être m’enlever 5 dixièmes. J’ai pris trois quart d’heures et j’ai fait une démonstration complète, comme on la faisait dans les livres, avec les chiffres du problème. Je l’ai tout fait comme ça pour être sûr. J’ai eu tous mes points dans cet examen-là.
JE recevant les honneurs.
J’ai un regret, du côté mathématiques. Quand on est arrivé pour faire le calcul différentiel, le prêtre qui nous enseignait était malade, et on n’avait plus de prof de mathématiques pour cette section. Comme on se préparait quand même pour le bacc, il fallait étudier beaucoup de philosophie [en plus]. J’ai donc regardé le calcul différentiel et après une lecture, je le savais tout [je le comprenais]. Ce que j’ai regretté, c’est d’avoir trop pris de temps avant d’aller voir le préfet des études puis lui dire « Prenez moi, je vais le donner, le cours ». J’ai pris trop de temps et les finissant de l’université ont fini assez tôt qu’il y en a un qui était très bon dans le temps qu’il était au séminaire qui est venu quelques jour avant que je me décide et qui a été engagé pour donner le cours. Ça a été un regret parce que ça aurait été une chose particulièrement le fun d’être étudiant et donner le cours aux autres. Ils m’auraient fait confiance, parce qu’ils savaient qu’en mathématiques, toutes les parties des mathématiques, j’étais capable de les démonter, et pas seulement faire les problèmes. Il y en avait beaucoup qui venaient me poser des questions. C’est ça qui a été un certain regret.

À la fin du cours classique, en Philo II, vous faisiez encore des examens sous la supervision de l’université.

Collègues de cours classique dont il a été question pendant nos entretiens.
De gauche à droite: Jacques Houde, Michel Bussières, Yves Laplante,
Clermont Fradet et Benoît Bouchard. 
Oui, et en philo I aussi. On avait l’examen de chimie, un examen de math, un examen de biologie et une composition si je me souviens bien. En philo II, t’avais tous les mathématiques des deux ans, un examen de physique, une dissertation philosophique et un examen sur les deux ans de philo. Un examen sur les trois volumes de philosophie. C’était assez imposant à faire.

À la fin de ce cours classique, vous aviez un diplôme?

Oui. Un Bacc ès Arts. C’était délivré par l’Université Laval.
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[23 septembre 2011]

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