samedi 8 octobre 2011

Cours classique: Belles lettres et Rhétorique

Pour reprendre là où on a laissé, après Versification, tu entreprends le niveau de Belles Lettres. C’était quoi la distinction au niveau du programme à ce niveau-là?

Exemplaire annoté par JE de Andromaque, de Jean Racine
En versification, il y avait eu nos examens, qu’on appelait un bacc, et qui comprenait des narrations et des traductions. Tandis qu’en Belles lettres et Rhétorique, quand on allait avoir des examens de français, ça allait être de la dissertation et non pas de la narration. On devait donc disserter, sur de la littérature. Je me souviens d’un exemple, quand on a terminé Rhétorique, l’examen qu’on avait à faire au bacc, c’était une dissertation de 5h-5h30 pour la faire, et ça portait sur les 4 principaux caractères des personnages d’Andromaque, de Racine. Donc on faisait aussi des choses sur Corneille, sur Molière, sur des auteurs et des pièces classiques très réputés. C’était donc plus de la compréhension et de l’analyse plutôt que d’avoir à raconter. Ça c’était pour le côté français. Évidemment, du côté version grecque et version ou thème latin, c’était la même chose. On avait des auteurs plus sophistiqués et profonds en termes d’idées et de connaissances. Du côté mathématiques, c’était pas plus dur, ça augmentait un peu, mais c’est après ça qu’il y eu des maths plus intensives. Belles lettres et Rhétorique était un programme similaire sur deux années. C’était aussi un programme qui étudiait une littérature plus actuelle. Avant ça, on étudiait surtout les anciens.

Tu as encore des livres de ces auteurs-là?

Classiques de la littérature, chez Larousse ou Hatier.
(Bibliothèque de Jean-Eudes Morin, 2011).
Oui. Je les ai tous gardés. Je vais aller voir une pièce de théâtre bientôt, l’École des femmes [de Molière], et je pense que je l’ai dans ma bibliothèque. C’était des classiques et on les lisait à cette époque-là. Ça allait jusqu’à Victor Hugo, qui était pas considéré comme un grand classique. En Belles lettres, comme professeur titulaire, on avait « Tony », l’abbé Antonio Villeneuve. C’était le frère de Lionel Villeneuve, qui est acteur, et qui venait de Roberval. Son père c’était Hubert Villeneuve. Il avait une ferme qui était presque directement en avant du centre d’achats actuel. L’abbé Villeneuve était le fun. C’était quelqu’un qui avait un côté artistique intéressant. Il arrivait souvent pour donner son cours de français, qu’il arrivait avec un mot. Un mot de français ou de latin ou de grec, qui te permettait de chercher qu’est-ce qui pouvait découler de ce mot dans le langage français. Synonyme, qualificatif, multiplier les moyens d’expression de compréhension, de nuances que tu pouvais utiliser. Ça permettait de découvrir qu’à partir d’un synonyme, tu peux structurer ta phrase autrement et en arriver à une signification différente. Ça te permettait de qualifier. Quand on regarde des textes ou des mots croisés, il y a toujours 4 ou 5 mots que tu peux utiliser dépendant de ce que tu veux signifier exactement. C’était sa façon de présenter ses cours, côté littérature. Il y avait aussi le côté artistique. Ça arrivait souvent qu’il arrivait avec des reproductions de tableaux. Il nous parlait de ses tableaux là et de ces artistes-là, la vie qu’ils avaient eu. Ça devenait un peu une histoire de l’art, accompagnée de tableaux, pour montrer l’évolution de Matisse, par exemple. Des grands maîtres. Renaissance, époque moderne, il faisait le lien entre deux, montrer l’influence que telle école avait eu, par exemple. Il nous parlait des écoles qui s’étaient développées et les liens qu’il y avait entre elles. Ça faisait pas partie du programme, mais lui, il aimait ça et il était connaissant là-dedans. Ca faisait drôle d’étudier la langue et la littérature et d’étudier l’histoire de la littérature avec lui, parce que c’était complètement différent de ce que l’on avait étudié avant. Du côté mathématiques, on avait eu monsieur Bouchard, un laïc… et je pense qu’il vit encore. La dernière fois que je l’ai vu, il devait avoir environ 80 ans et il avait l’air en assez bonne forme.

On a beaucoup parlé de sport extérieurs, mais y avait-il un gymnase intérieur au séminaire?

Non. Ce qu’on appelait le gymnase, c’était pas fermé, c’était ouvert, dehors. Il y avait des anneaux et il y avait trois jeux de balle au mur. Du côté des jeunes, les trois premières années (la petite salle), comme du côté de la grande salle, il y en avait trois aussi. C’était des murs assez hauts avec des côtés hauts et allongés. C’était des balles très rebondissantes et qui étaient dures. On jouait souvent au poing. Ça se jouait avec les poings ou avec la main ouverte, mais on jouait aussi avec des palettes de bois, pas trop grandes. Ça tapait pas à peu près. Il y avait du badminton et du tennis. En hiver, les terrains de balle au mur avaient des bandes, et tu jouais du ballon à coup de pieds et ça donnait des bons coups.

Quand on arrive à la fin de Belles lettres et Rhétorique, on est rendu en 1959.

Conventum de Rhétorique, Séminaire de Chicoutimi, 1959.
En Rhétorique, on faisait un conventum de Rhétorique, il y avait des photos officielles et toutes sortes de choses. Et après le conventum de Rhétorique, on se donnait rendez-vous douze ans plus tard, donc en 71.

Après l’année de Rhétorique, il y avait une reconnaissance de finissant. Il y en a qui s’arrêtait là?

Normalement, les gens continuaient. Mais dans certaines communautés, avant de faire les [années de] Philosophies, s’ils voulaient faire partie de la communauté, ils entraient en communauté et faisaient une année sans grandes études, mais en communauté, comme s’ils étaient entrés chez les pères. Ils n’étaient pas pères, ni prêtres, mais c’était une façon de vérifier s’ils étaient faits pour la vie en communauté. Si c’était correct, ils faisaient leur Philosophie en étant internes. Et pendant ces temps-là, ils portaient la soutane.

Est-ce que vous aviez un diplôme?

Non. Ils appelaient encore ça un bacc (comme en Versification), c’était des études en lettres, mais sans diplômes. Mais on était encore très loin, en terme de connaissances, par rapport à ce que maintenant, ils connaissent en entrant à l’université.
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[23 septembre 2011]

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