mardi 1 novembre 2011

Les années d'université (1)

En 1961, au moment de terminer le séminaire, tu as ton bacc ès arts. Ta décision de poursuivre vers l’université avait été prise longtemps à l’avance? Tu n’as jamais pensé d’arrêter après le cours classique?

Non, absolument pas. C’était décidé de continuer d’aussi loin qu’on pouvait décider que quand j’aurais fini au séminaire, c’était l’université.

Et pour le programme?

Mes deux amis allaient en médecine. Moi, avec mes notes de sciences, je pouvais aller en n’importe quoi. Mais pendant que j’étais pensionnaire, c’est arrivé plusieurs fois où j’ai eu à dépanner des copains avant les examens, que ça soit en Versification, Rhétorique, Philo I ou Philo II. Il y en avait toujours deux ou trois qui venaient me voir pour les aider, parce qu’ils avaient de la misère. Ça m’est arrivé plusieurs fois. Quand j’étais à l’étude [dans la salle d’étude], à partir de Rhétorique, surtout vers la fin de l’année, j’étais assis en arrière et les curés qui gardaient l’étude, quand il y avait un de mes confrères qui voulait venir me poser une question en mathématiques, ils autorisaient pour que je puisse répondre pendant l’étude. Ça a toujours été de même les mathématiques pour moi. Ça m’a permis de me dire que je pourrais aller prendre ma licence d’enseignement en mathématique, physique et chimie. Je me suis donc inscrit pour ça. Une licence d’enseignement, ça te prenait trois certificats. J’étais inscrit en chimie, physique et mathématiques. Comme j’avais des bonnes notes en chimie et qu’on en avait vu beaucoup, et que j’avais des bonnes notes en physique et qu’on en avait vu beaucoup, ce que j’avais besoin c’était surtout d’avancer plus vite les mathématiques.

L’université, ça ne devait pas être gratuit.

Non, mais ça coûtait pas tellement cher. C’était le fait de pensionner qui était le pire. C’était pas si cher que ça pour les cours. Tout ce que j’avais gagné comme étudiant, je le gardais. La seule chose que je m’étais acheté, c’était une petite machine à écrire. Pendant toutes mes jobs d’été que j’avais fait… Et les années où j’avais pas de travail, j’avais conduit le camion.

Avais-tu assez d’argent pour financer ton université?

JE, début des années 60.
Pour aider, en tout cas. J’avais financé mon cours d’été, et comme papa travaillait, il essayait de m’aider. Ça ne me coutait rien pour voyager, je m’arrangeais comme je pouvais. La chambre ne coûtait pas trop cher, ils ne me nourrissaient pas. Je me nourrissais à la cafétéria, tu choisi ce que tu veux, tu peux bien manger sans que ça coûte cher. Ça ressemblait à ça. J’avais fait une demande, pour faire le cour pendant l’été, et j’étais accepté donc [quelques mois avant], je suis parti avec Denis Paradis, avec l’autorisation du séminaire, à Québec. On a fait de l’auto stop. On est allé voir et on a réservé notre petit loyer pour septembre. En même temps, j’étais allé voir pour l’été, parce que je savais que j’allais aller sur le Boulevard de l’entente pour avoir un loyer, une chambre pendant l’été. Quand j’étais allé là, sur le Boulevard de l’entente, je peux pas dire comment ça se fait, mais je pense que c’est juste un heureux hasard. Là où j’ai été voir, il y avait un ancien du séminaire qui étudiait maintenant à Laval pendant l’année, qui pensionnait là. Il y avait une madame, une vieille madame, et deux vieilles filles. Elles prenaient un pensionnaire et pendant l’été, c’était libre. C’était juste en face de la faculté où j’allais étudier. Je me suis présenté et elles ont dit ok. J’avais pas de repas là, mais à l’université, il y avait une cafétéria, tu pouvais aller diner et souper là, alors c’était pas compliqué. Et c’était sur le boulevard de l’entente.

C’était pas sur le campus actuel de l’université Laval?

Non, ils était en train de le bâtir, la faculté des sciences sur le campus, c’était pas fini, même quand on est entré là [en septembre] et qu’on a eu des cours là. Pendant cet été-là, c’était 6 semaines. Pendant 6 semaines, j’ai suivi 4h de cours de mathématiques par jour. Ils donnaient deux autres heures de dépannage si t’as besoin. Puis le samedi matin, t’as un examen de trois heures, sur la semaine. Ça c’était comme ça. Mon ancien prof de math de Philo I, l’abbé Robert Savard, qui a laissé [la prêtrise] et s’est marié aussi, lui, comme il n’avait pas sa licence et qu’il donnait des cours au séminaire, il est venu à Québec, pour suivre les cours en même temps que moi. On avait les mêmes cours en même temps pendant l’été et aussi pendant les années d’après, on suivait pas mal les mêmes cours. Lui, il avait son auto. Il demeurait pas loin des centres d’achats, il avait une chambre chez les pères. Les pères du Sacré-Cœur, je pense que c’était. De temps en temps, j’allais étudier là avec lui, souvent on étudiait sur la galerie, quand il faisait beau. Le samedi après l’examen, on partait, et il me laissait à la barrière, pour que je me trouve un pouce pour me rendre. Lui allait à Chicoutimi, et moi, ça m’avançait pas, moi c’était pour prendre le petit parc pour me rendre à Roberval. Le petit parc, ça faisait assez longtemps qu’il était asphalté et correct. Je me dirigeais vers Roberval, je faisais du pouce pour me rendre. Évidemment, je m’en retournais soit par autobus, sur le pouce, ou une occasion. Ça a pas été une éternité, ça a été six semaines.
Nenine, Aline Morin (née Martel), vers 1961.
J’ai fini le 11 août, mes cours. Ma fête c’était le 9, j’ai eu 21 ans. J’étais allé m’acheter des petites bananes, des bonbons petites bananes, et deux petites bières. J’étais allé à ma pension et le soir, mes études étaient faites et j’avais mangé mes petites bananes au complet avec mes deux petites bières, j’avais failli être malade. Le lendemain, j’avais encore quelques cours et après ça, le samedi matin, c’était la finale de ça. Pendant la semaine, que j’avais 21 ans, j’avais envoyé une lettre à Nenine [Aline]. Je lui avais demandé pour mes 21 ans si je pourrais me faire payer une petite auto. Pas trop cher, mais une petite auto. Comme elle était toujours maladroite, elle avait fait lire la lettre par ma tante Lucienne qui était là. Ça tombait mal, mais c’est pas grave. Pendant le reste de l’été, j’ai négocié et j’ai eu une petite Vauxhall. 1963 piastres.

Une auto de l’année?

Oui, toute neuve. Une 1961. Achetée chez ce qui est aujourd’hui Roberval Pontiac Buick, mais ça s’appelait pas de même.

Donc, cette année intensive en été, c’était juste des mathématiques?

Il y avait eu 5 semaines de mathématiques, et une semaine de dessin industriel. La dernière semaine, on pouvait faire nos affaires pour s’avancer. Une journée, on en a fait 3h l’avant-midi, 3h l’après-midi et 3h le soir. T’es tanné de dessiner. On avait pas d’examen final le samedi matin. On avait fini le vendredi soir. Avec l’abbé Savard, on partait le samedi matin.

JE, en juin 1960.
Tu finis le 11 août et en septembre, tu commences ton année régulière. Entre temps…

J’ai mon auto, et j’ai toujours ma blonde.

La Vauxall, tu l’as gardé longtemps?

Non. En 1962, j’avais ma Vauxhall 61 mais quand je suis venu pour mes derniers examens en été, j’avais droit à une reprise, en été. J’étais venu avec papa et maman et on s’était retourné à Roberval après mes examens, et quand on est arrivé dans la ville de Roberval, il y avait eu un feu quelque part et Christian Leclerc, qui était le bedeau à St-Jean de Brébeuf, il était parti avec son auto pour aller voir ce qu’il y avait comme problème. À l’endroit où ils vendaient de l’essence – le concessionnaire, je pense que c’était Benoit Levesque qui l’avait dans ce temps-là - il a rentré là puis il m’a coupé le chemin. Je l’ai frappé il était rendu dans l’entrée, il ne m’avait pas vu, il se dépêchait. Mon auto a été brisée là. Je dépressionnais un peu. Faire réparer ça, c’était pas évident. Et je voyageais à Québec. À un moment donné, Nenine a dit d’aller m’informer pour faire un échange pour en racheter une neuve. J’avais acheté ma Comet. J’avais payé 960$ de retour. Une Comet 1962.
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[13 octobre 2011]

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