dimanche 21 août 2011

Le 9 août 1940

JE, tu es né le 9 août 1940.

Absolument. Je suis né à une heure et j’ai été baptisé le même soir, ça s’est tout réglé dans un cas!

Ton prénom est Jean-Eudes, parce que grand-maman a cherché un prénom et sur son calendrier et le plus proche du 9 août était la St-Jean-Eudes.

Non. Le plus proche, c’était la St-Jean-Marie-Vianney, mais elle ne voulait pas m’appeler comme ça. Elle est donc allé plus loin, et elle a choisi le 19 août, qui était la St-Jean-Eudes. Moi, je fais des farces avec ça, en disant que s’il a réussi à devenir saint en étant 19 fois fou [Dix-neu-f-aout], alors j’ai pas à me forcer pour devenir saint, je suis juste neuf fois fou [neu-f-aout].

Tout ça est une parfaite introduction à nos entretiens, puisque cette première conversation a justement lieu le 19 août 2011, à la St-Jean-Eudes.

Ah? Je n’avais pas remarqué la date.

Savais-tu qui était St-Jean-Eudes?

Si je me rappelle bien, c’était un évêque français.

Tu es donc né le 9 août 1940, à Roberval. Où habitaient tes parents?

Le voisin du cimetière.

La grosse maison que j’ai vue dans ma jeunesse?

Luc, Aline, Wilfrid, Cécile et Jean-Eudes
Je ne sais pas si tu l’as vu, cette maison-là. C’était une maison… elle était pas si grosse. C’était en brique rouge.

Lors de ta naissance, la famille qui y vivait, c’était juste ton père et ta mère?

Non. C’était Luc, Aline, puis mon père et ma mère. C’était sur une petite ferme.

Quand tu es né, ton père, Wilfrid, avait 25 ans… 

Il est né en 1915. Moi en 1940.

Et grand-maman, Cécile, avait 18 ans.

Oui, elle avait eu 18 ans, elle est née en 1922.

Tu étais le premier enfant?

Mariage de Wilfrid Morin et Cécile Girard
Oui, le premier enfant de Cécile et Wilfrid.

Pourtant, je me souviens que dans ma jeunesse, tu nous avais parlé de Marie-Jeanne.

Non, elle est venue après. Mais l’histoire de son nom remonte à avant moi. La mère de maman s’appelait Marie-Jeanne. Ma mère était la fille de Adgérie Girard et Marie-Jeanne Martel. Marie-Jeanne avait eu deux garçons, puis des jumelles dont une est décédée, puis elle a eu une autre fille, et elle est morte en même temps que sa fille. Maman, qui était une des jumelles, avait environ 2 ans quand sa mère est décédée. À ce moment-là, mon grand-père Adgérie, qui était maçon, avait trois enfants dont une de deux ans, et il était maintenant veuf. Il a décidé d’aller voir Aline, qui était sa belle-sœur, la sœur aînée de Marie-Jeanne, qui n’avait pas d’enfant, et de lui demander de garder la plus petite, et peut-être même de l’adopter si ça marche bien. Ce qui fait que ma mère a été élevée par Aline Martel. Elle l’appelait tout le temps maman, c’était devenu sa mère.

A cette époque-là, ils vivaient dans la maison où tu es né plus tard?

Non, pas tout de suite. Aline était mariée à Luc Morin, qui était un garçon de Joseph Morin, qui était déjà mort quand Aline et Luc ont pris ma mère. Luc, c’était lui qui gérait la ferme, au premier rang. Il y avait «Petit» [Joseph Morin fils], un de ses frères, qui était marié, et lui, des enfants, il en avait! Aline et Luc n’en avaient pas, eux-autres. Pour se faire aider sur la ferme, Luc avait donc demandé à son neveu, le fils de son frère Stanislas.
Famille de Stanislas Morin (second à gauche).
De gauche à droite: Léonce (fils), Philippe-Auguste (fils),
Jean (beau-père) et Wilfrid (fils).
Stanislas, c’était mon grand-père. Sa femme Laura et lui étaient d’ailleurs des Morin tous les deux, mais Laura, si on remonte un peu plus loin dans le temps, c’était une Morand. Le troisième des fils de Stanislas aidait donc Luc avec la ferme. C’était Wilfrid, mon père. Il connaissait donc ma mère, adoptée par Aline. À un moment donné, ils ont vieillis, et sont devenus plus adultes tous les deux. Et à un moment donné, Wilfrid a trouvé que sa lui ferait une belle femme, qu’il l’aimerait, et Cécile, elle ne connaissait pas beaucoup de monde non plus. Wilfrid, il ne savait pas lire ni écrire. Il savait compter et écrire son nom. Cécile écrivait et lisait un peu, au son ou à peu près. Ça a fini par faire un couple, et ils ont décidé de se marier. Quand c’est arrivé – je ne pourrais pas donner les dates exactes – mais quand c’est arrivé, la terre où je suis né, et qui était un demi-lot, elle appartenait à un Girard. Et au départ, à un Laroche, qui était le grand-père de la mère de ma femme.

[Par un amusant hasard, c’est donc dans cette maison, qui a vu naitre JE, qu’était également née, 25 ans auparavant, la mère de celle qui allait devenir la femme de JE.]

C’était donc Méridée Girard [Le beau-frère du grand-père de la future épouse de JE] qui s’occupait de cette ferme-là, mais il demeurait plus près de Roberval, en ville. À partir de ce moment-là, Luc a acheté la terre de Méridée et ils sont partis rester à cet endroit-là. Il a laissé la grande ferme à Petit et toute sa gang. Lui, il a eu six garçons et sept filles, je pense. Je pourrais presque tous les nommer, il y en avait tout un lot! Ils sont donc allés s’installer avec Wilfrid et Cécile et c’était Wilfrid qui s’occupait de la ferme. Luc était rendu, probablement pas à 60 ans, mais très proche. Il est décédé un peu plus tard, à 66 ans. Mon père s’occupait donc de tout, mais Luc s’en occupait un peu aussi, et il varnoussait partout. Et Aline s’occupait de la maison avec Cécile. Puis, Cécile a eu un premier enfant. C’était moi, en 1940, le 9 août.
--
[19 août 2011]

1 commentaire:

  1. J'adore ton travail, je serai toujours une lectrice de tout ce que tu écris. C'est très bien fait et je sais que c'est beaucoup de travail, mais ça vaut la peine. Continue ......

    RépondreSupprimer

Vos commentaires sont les bienvenus.
Merci de vous identifier. Ce site est un projet privé et n'accepte pas les commentaires anonymes.